
Nous sommes un mardi. Le deuxième mardi du confinement, vient la semaine anniversaire. Le regard se pose sur ces paquets, trônant au milieu de la chambre. Le départ n’est plus pour tout de suite, le moment de se résoudre à défaire sa valise est venu. Les bras et l’esprit, aidés de la résolution apportée par le deuil provisoire s’y attèlent. Il aura fallu une semaine.
Une valise, antagoniste objet.
Dans un coin cachée, exposée à même le sol,
Grande ouverte, encore fermée elle attend
L’établissement à bon port soit son envol.
Vidée, emplie, en l’éternité d’un instant,
Tout à la fois.
Une valise, comme un appel.
Au départ nécessaire, d’envie vagabonde.
Ses dimensions ajustées à l’espace-temps
D’un itinéraire nomade autour du Monde.
Partir et arriver pour plus ou moins longtemps
Une autre fois.
Une valise, écrin du secret de l’énigme.
Des préparatifs, de sa destinée postérieure
Des potentiels renfermées et des avortés.
Nul ne les connaît, excepté son détenteur
D’une âme réjouie à celle d’un esprit heurté,
Les deux à la fois.
Une valise, réceptacle de réalisation.
Plus tout à fait ici, pas encore ailleurs,
Sas d’accoutumance mental pour s’apercevoir
Que s’ouvrent les vantaux d’écluse au voyageur
Et l’heure de franchir le portail des au-revoir
Une nouvelle fois.
Une valise, ancre jetée.
Au large d’un quotidien prochain non-connu,
Parmi les visages, les pays, futurs familiers.
À côté, jamais loin, d’une fonction continue,
Des pas, elle suit le sillon tracé à relier
Partout à la fois.
Une valise, oracle des Parques.
Boucle et déboucle liens et histoires
Nouvelles connaissances, vielles retrouvailles
Tricotent souvenirs, aller-retour comme espoir.
L’entrelacement des fils vitaux en une maille
De toutes les fois.
Une valise, rare repère.
Quand de la réalité tout tourbillonne
Parmi les fragments d’ancien, d’actuel, d’avenir,
Rétrospective et immédiat s’additionnent
En l’être déboussolé; tentative de retenir
Ces fois
Une valise, volumineuse de maturité.
Du cartable d’enfance au bagage aérien,
Allers dans l’ingénuité, retours luxuriants,
En l’âme elle se déverse du va-et-vient terrien.
Venu démêler puis s’en-aller balbutiant
Maintes fois.
Une valise, signal d’escale,
Pour cette fois.
Création personnelle
Le projet s’est donc suspendu, ironie vu le nom de son cahier de bord, de ce blog. Suspension en suspens. Mais ne vous y trompez pas, la vie continue, les questions aussi, le cheminement également et dans de très bonnes conditions. Il s’agit là d’un nouveau changement de tempo, défaire sa valise a été l’une de ces étapes où la réalité du confinement s’est fait plus consistante pour moi.
Une réflexion sur “Défaire sa valise”